Adrien B, Anesthésiste – Réanimateur, Responsable du service de réanimation de chirurgie cardiaque, Hôpital de La Pitié-Salpêtrière
C’est moi qui crée le choc. Si les gens ne sont pas choqués, c’est qu’ils n’ont pas compris mon message.
Il s’agit d’informer les proches sans se réfugier derrière des mots inintelligibles. On ne peut pas se retrancher, se protéger.
Il peut y avoir un mécanisme protecteur pour garder de la distance ; forcément, quand on se rapproche, on s’expose plus.
La singularité de notre discipline, c’est d’humaniser ce moment précis par rapport à une spécialité de la médecine très protocolisée. Et sur cette gestion humaine, il n’y a pas d’algorithme !
Notre enjeu c’est d’humaniser ce choc, ça touche à la singularité de chaque médecin.
Quand les proches ont un rejet de ce qu’on leur dit, on peut être agressé ; mais après une annonce difficile, il arrive très régulièrement que les proches nous remercient. Là on se dit qu’on est dans le vrai, car en réalité notre marge est faible, notre boulot est que cette petite marge soit la plus grande possible. C’est dans cet interstice qu’on se glisse.